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Le Belem tient le cap

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De 1896 à 1914, le Belem effectue 33 campagnes transatlantiques. Le fret au départ de France est assez varié. Il s’agit, pour beaucoup, de livrer de la marchandise en Guyane. Le bateau va toujours dans la région de Parà chercher des fèves de cacao destinées au chocolat Menier, mais il passe souvent par l’Uruguay ou l’Argentine, où il charge des animaux, et  revient par les Antilles pour rapporter du sucre ou du rhum, quand ce n’est pas un passage par l’Angleterre pour prendre du charbon.
Les navires à moteur ayant pris une ampleur de plus en plus importante, le Belem ne s'avère plus adapté au commerce. Son exploitation commerciale doit s'arrêter. Le Belem est alors acheté le 11 février 1914 par le duc de Westminster, qui le transforme en yacht de plaisance.
En 1921, le baron Guinness, fameux brasseur irlandais, achète le bateau. Il change le nom du bateau et le baptise Fantôme II. Guinness navigue de mars 1923 à mars 1924, à travers 31 000 miles marins. Guinness meurt en 1939. Le Belem est alors désarmé à l’île de Wight, ce qui lui permet à nouveau d’être épargné durant la guerre.
Les filles Guinness mettent le bateau en vente, mais le yacht de luxe, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, est passé de mode. Il va être acheté en 1951 par la fondation Cini créée par l'industriel Vittoro Cini. Son fils, Giorgio Cini, est décédé lors d’un accident d’avion en 1949. C’est alors que Vittoro Cini quitte la direction de ses entreprises, et décide de consacrer une partie de sa fortune à la promotion des arts et de la culture et à la formation des orphelins de la marine italienne.
C’est à cette fin qu’il acquiert le Fantôme II.Il est d’abord nécessaire de transformer ce bateau de luxe en navire-école. Les précieuses cabines sont remplacées par un dortoir disposant de hamacs. Une timonerie est édifiée sur le roof, et la voilure est transformée. Les orphelins vivent au Centro Marinaro et étudient à l’Institut Scilla. Ils représentent 550 enfants âgés de 5 à 16 ans. Il règne une discipline sévère dans ce lieu de vie où se tissent des liens d’amitié solides, à défaut d’avoir l’affection des parents. L’été, les plus âgés d’entre eux peuvent naviguer sur leur Giorgio Cini.Le bateau accueille jusqu’à 80 élèves à bord, et part dans les eaux adriatiques ou méditerranéennes. Au total, 250 élèves naviguent chaque année ;
En 1959, il est à Cannes où l'on commémore le décès de Giorgio Cini. Il continue ainsi jusqu’en 1967. À cette date, le bateau n’est plus adapté à la formation maritime moderne. Il est donc désarmé, car des travaux très importants sont nécessaires, que la fondation, ne peut assumer.  De 1967 à 1972, le Giorgio Cini est à quai le long de l’île San Giorgio, et ne navigue plus. Les carabinieri songent pourtant à le restaurer et le conduisent à l’Arsenal pour des travaux d'envergure : remplacement des moteurs par des Fiat Iveco, modification du gréement, équipement en matériel radio, remplacement des mâts par des mâts en acier. Mais les carabinieri ne payent pas le chantier naval.
La fondation Cini fait donation du bateau en 1976 au chantier qui le met en vente immédiatement. Plusieurs tractations ont lieu mais elles n’aboutissent pas. Un Français, le docteur Gosse, avait visité le bateau en 1970 et avait découvert une plaque en cuivre mentionnant Belem et Nantes. Il avait alors compris que le Giorgio Cini était en réalité français, complètement oublié en France. En 1977, le docteur Gosse, à nouveau à Venise, ne voit plus le bateau à l’île San Giorgio et s’en inquiète. Il apprend qu’il est à vendre et contacte l’association pour la sauvegarde et la conservation des anciens navires français.
Les Italiens s’en émeuvent, organisent des souscriptions, mais ne parviennent pas à réunir la somme nécessaire. De son côté, le docteur Gosse remue ciel et terre en France. Il finit par trouver le sauveur : la Caisse d’Epargne achète le bateau en 1979.

RETOUR SOUS PAVILLON FRANÇAIS
Le bateau n’est pas en état de naviguer. Il quitte Venise le 15 août 1979 sous le regard attristé d’une foule de Vénitiens . La Marine nationale française remorque le bateau à Toulon puis à Brest, où il arrive sous les applaudissements du peuple français . La Caisse d’Epargne décide en 1980, de donner le bateau à la France, en créant une fondation, qui obtient la reconnaissance d’utilité publique. Les travaux sont considérables et la Marine nationale doit renoncer. La Caisse d’Epargne assure la restauration du navire. Il s’agit surtout de mettre le Belem aux normes de sécurité exigées de l’administration française. Les derniers travaux de finition sont réalisés à Paris, à partir de 1981, au pied de la Tour Eiffel jusqu’en 1985. L’objectif de la fondation est de permettre à nouveau au Belem de naviguer et de reprendre une activité de bateau-école. Entre temps, la fondation Belem a obtenu le classement du voilier comme monument historique. Il est maintenant prêt à de nouvelles aventures maritimes. Après quelques croisières de cabotage en Atlantique.

UN AMBASSADEUR DE LA FRANCE
La première mission du Belem est de naviguer, et de permettre à des personnes de tous âges (à partir de 14 ans), de passer quelques jours en mer afin de prendre part, à la navigation à l’ancienne. L’équipage est composé de 16 personnes issues de la marine marchande, et il transmet les savoir-faire d’époque à 48 stagiaires. C’est une aventure riche des valeurs de la mer, qui exige rigueur, discipline, respect, solidarité, esprit d’équipe… Chaque année, 1 200 personnes naviguent sur le Belem.
Le navire est un véritable musée, qui peut être visité lors des escales.
Le Belem est aussi un ambassadeur du pavillon français. Il part à l’étranger pour représenter la France à diverses occasions. Il était en 2004 à Québec pour les manifestations organisées à l’occasion des 400 ans de la création de la ville. En 2012, il était le seul bateau hors Commonwealth à être invité par la reine d’Angleterre lors de son jubilé de diamant. En août de la même année, il était encore à Londres pour les Jeux Olympiques. En 2014, la fondation Belem a organisé un déplacement à Venise afin de rendre hommage au passé italien du bateau.
Le Belem a 120 ans en 2016. L’année est jalonnée en France de manifestations variées, notamment à Nantes, mais aussi dans d’autres ports français, et même à Paris.

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