Livingstone, de la mission à l'exploration

L’activité missionnaire de Livingstone a souvent été contestée, à juste titre : il n’a fait qu’un seul converti dans toute sa carrière. Pourtant, si l’on la mesure à une autre aune que celle des conversions, son impact est loin d’être négligeable. Comme le souligne l’historien John Baur :
"Dans toute l’histoire des missions chrétiennes, il est difficile de trouver un exemple où l’action d’un seul homme ait permis une telle abondance d’activités missionnaires. Il est directement à l’origine de l’évangélisation de la Zambie, du Zimbabwe et du Malawi et, à travers Henry Stanley à qui il inspira d’achever son œuvre, l’Ouganda, le Tanganyika et l’immense bassin du Congo jusqu’au Tchad furent ouverts à l’Évangile.
Par ailleurs, en recommandant d’éliminer la traite en la remplaçant par des activités légales, on lui a reproché d’avoir ouvert la route au colonialisme, et l’on ne peut nier qu’il y ait indirectement contribué, à la fois par son appel au commerce et à des colonies de peuplement. En 1878, deux frères et hommes d’affaires choisirent son nom pour créer la Livingstonia Central African Company, qui s’appellera plus tard African Lakes Company et qui ouvrira la route à la colonisation du centre de l’Afrique. Sa conception des relations humaines « interraciales » était bien différente de ce qu’elle deviendra plus tard : il se considérait comme un « serviteur de l’Afrique » et respectait les Africains qu’il traitait comme des frères, idéal qui se révéla par la suite parfois difficile à concilier avec les avancées du colonialisme.