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La médecine victorieuse

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La Grande Guerre présente côté français un très lourd bilan : on décompte 4 266 000 blessés dont la moitié l’ont été à plusieurs reprises.
A l’issue de la guerre, 800 000 personnes sont déclarées mutilées ou invalides, dont 150.000 gazées.
Sur le plan médical et d’une façon générale, l’état de santé de l’armée française  apparaît satisfaisant, compte tenu des conditions de vie des combattants. Le nombre total des malades, y compris ceux des pandémies, s’élève à 800 000 pour quatre années de guerre, avec un ratio de 5% des effectifs soutenus par année de guerre. Grâce aux mesures prophylactiques mises en œuvre, les grandes maladies épidémiologiques des troupes en campagne ont pu être évitées, à savoir la variole, les typhus exanthématiques, le choléra et le scorbut.

En contrepoint de toute cette pathologie, il faut relever les progrès exceptionnels accomplis  dans le domaine médical au cours de ces quatre années, dont le démarrage des vaccinations de masse et l’utilisation des sérums notamment antitétanique. Les épidémiologistes estiment que la pratique massive de la vaccination anti-typhoïdique, seule vaccination dont on disposait à l’époque - rage exceptée - a évité la survenue de plus d’un million de cas et entre 150000 et  200 000 décès.
La Première Guerre mondiale a entraîné le développement des greffes et de la chirurgie maxillo-faciale, populairement appelée la chirurgie des gueules cassées. Le docteur Abram écrivit à la fin de la guerre : « Un blessé ayant un éclat d’obus dans le genou avait de fortes probabilités en 1914 de mourir de la gangrène à Bordeaux ou à Nice ; en 1915, on lui eut coupé la cuisse dans l’ambulance de l’avant et le blessé s’en fut tiré à ce prix; en 1916, on eut réséqué son articulation et il en eût sans doute guéri, en ankylose avec sa jambe raide à jamais. Enfin, en 1918, on eût conservé sa jambe et sa  cuisse et l’intégrité presque absolue de la flexion de celle-ci sur celle-là ».
Parmi les autres avancées importantes, on note :
 - Le développement de la transfusion sanguine d’homme à homme, à partir de 1916, qui contribue à atténuer le choc des blessés en compensant les pertes hémorragiques ;
- L’identification, par les aliénistes, de la névrose hystérique et de nombreux troubles entraînant pour le soldat la médicalisation de comportements qui pouvaient relever auparavant du domaine disciplinaire ;
- En anesthésie, on avait commencé la guerre à l’aide d’un simple tampon placé sous le nez du malade que l’on imbibait de quelques gouttes d’éther ou de chloroforme et que l’on renouvelait autant que de besoin. On l’a poursuivi avec l’usage du masque d’Ombredanne qui offrait l’avantage d’un dosage précis du produit administré, grâce à la présence d’une aiguille positionnée devant un cadran gradué. On l’a terminé avec l’utilisation du protoxyde d’azote introduit en France par le service de santé américain ;
- La réponse à la prise en charge des soldats gazés : l’oxygénothérapie et la kinésithérapie respiratoire ;
- L’insertion pleine et entière de la radiologie dans l’univers médical : le repérage, la localisation, l’aide à l’extraction des projectiles et le diagnostic des fractures bénéficient grandement de la présence de ces spécialistes souvent formés sur le terrain.

Il faut, au sujet de la radiologie, signaler particulièrement l’aide apportée par Marie Curie. Lorsque la guerre éclate, celle qui découvrit la radioactivité naturelle participe à la conception des ambulances radiologiques surnommées les Petites Curies.

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