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Une alliance salvatrice

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Le rapprochement avec la France s’opère dans les années 1880-1890. Le tsar Alexandre III n’a aucune sympathie pour le régime de la République française, mais il parle couramment français et il s’est parfaitement rendu compte de l’isolement politique dans lequel Bismarck s’efforce de tenir la France depuis sa défaite de 1870. Alexandre III a besoin d’importants capitaux pour lancer ses programmes de réformes, or, seule la France reste en mesure de les lui fournir : ce sont les emprunts russes. Ainsi, la France et la Russie ont manifestement des intérêts communs. Le rapprochement, que permet la nouvelle conjoncture politique, s’ouvre après la démission de Bismarck en 1890 suivie, la même année, par le refus de l’empereur germanique Guillaume II de renouveler le traité de réassurance, ce qui met de facto un terme à l’alliance des trois empereurs( Russie, Autriche, Allemagne) que Bismarck a toujours défendue et en laquelle il voyait la garantie du maintien du statu quo en Europe et la marginalisation de la France.
Alexandre III envoie son ministre des Affaires étrangères - Nicolas de Giers - auprès du président de la République française - Sadi Carnot - en vue d’engager des conversations avec l’empire russe. Des relations amicales se nouent alors entre les deux Etats. En 1888, Alexandre III avait ouvert une souscription à l’emprunt russe à Paris, laquelle avait été rapidement souscrite. La France a confiance dans cette alliance russe qui permet de sortir le pays de son long isolement. C’est au cours de l’été 1891 qu’un premier accord officiel est initié par un échange de correspondance entre le ministre français des Affaires étrangères - Alexandre Ribot - et le ministre russe des Affaires étrangères, Nicolas de Giers. Une convention militaire secrète est signée le 17 août 1892 par le général de Boisdeffre et son homologue russe le général Obrucev. Cette convention prévoit la mobilisation mutuelle dans les deux pays en cas d’une mobilisation d’une des puissances de la Triplice, une intervention russe contre l’Allemagne, si l’Allemagne ou l’Italie attaque la France, et une intervention française contre l’Allemagne, si l’Allemagne ou l’Autriche-Hongrie attaque la Russie. Cette convention est ratifiée par Alexandre III le 27 octobre 1893 et par le gouvernement français le 4 janvier 1894. L’alliance franco-russe est en place. La mort prématurée d’Alexandre III, le 1er novembre 1894, ouvre une autre période d’incertitude avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas II. Heureusement, le nouveau tsar, également francophone, connaît bien la France et semble décidé à poursuivre la politique de son prédécesseur ; aussi, en 1896, avec son épouse Alexandra Fedorovna, il effectue un voyage officiel en France ; c’est un grand succès populaire. Cette volonté d’assistance mutuelle en cas de conflits apparaît d’ailleurs rapidement explicitée par le renforcement de l’alliance franco-russe par Delcassé en août 1899 : désormais, la France s’engage à soutenir la Russie dans les Balkans et la Russie soutient la France pour l’Alsace-Lorraine.
A partir de 1879, les plans de guerre allemands partent tous de l’hypothèse que l’Allemagne aurait à affronter la Russie et la France ; ces deux derniers pays ayant conclu leur alliance en 1894.


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