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Compostelle: départ d'hier, chemins d'aujourd'hui

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Entre les Xe et XIVe siècles, de nombreux pèlerins en provenance du nord de la France, des Pays-Bas, d’Irlande, d’Angleterre, de l’Allemagne rhénane, traversent Paris. Mais beaucoup en partent aussi et un premier lieu de rassemblement se situe dans le Faubourg Saint-Laurent, célèbre pour sa foire aussi connue que celle de Saint-Germain.
                                           
Dès le début de l’an 1000, l’édification sur les terres voisines de l’abbaye Saint-Martin des Champs, la deuxième fille de Cluny, d’une chapelle dédiée à saint Jacques avait amorcé la diffusion du culte voué à cet apôtre.
Le premier bâtiment que les pèlerins longent est l’hôpital Saint-Jacques aujourd’hui disparu.
L’hôpital joue un rôle primordial. Quelle que soit son origine ou sa condition, le pèlerin est purifié avec un lavement des mains et des pieds rappelant l’épisode du lavement des pieds des douze apôtres. Il faut y ajouter l’apport de nourriture et de soins ainsi qu’en cas de maladie ou de décès un enterrement en terre chrétienne.
Le pèlerinage regroupait des gens souhaitant exaucer un vœu, mais à la fin du Moyen Age les tribunaux du nord de la France ont utilisé le pèlerinage comme exécution de peine.
Cet hôpital dénommé « L’Hébergerie », construit début XIVe siècle est l’œuvre de la Confrérie de Saint-Jacques aux Pèlerins, ayant pour objet de rassembler plusieurs bourgeois de Paris dans le culte de l’apôtre en vue du pèlerinage. Comprenant 40 chambres, il recueillait  et soignait chaque année plusieurs milliers de gens qui se rendaient en Galice ou de pauvres passants, recevant repos et réconfort. A partir de ce lieu hospitalier et jusqu’à la Tour Saint-Jacques, puis une fois le fleuve franchi après Notre Dame, sur la rive gauche, la rue empruntée porte toujours le nom de Saint-Jacques.

Le point de rencontre officiel de l’ensemble des pèlerins et leur véritable départ pour leur longue marche se tenait au pied de l’église Saint-Jacques de la Boucherie, érigée de 1080 à 1119. C’est l’endroit où sont célébrées la messe de départ et la bénédiction.
A l’origine, c’est la puissante confrérie des bouchers qui fit élever la tour en remplacement du beffroi de la chapelle Saint-Jacques le Majeur bâti au XIe siècle. Elle offrit à la paroisse  portails, statues, vitraux et ainsi l’église devient Saint-Jacques de la Boucherie.                                                                                      

Dotée sous les règnes de Louis XII et de François 1er d’un clocher qui demeure le seul vestige, cette tour de 52 mètres est postérieure à la construction de sa propre église puisque construite comme Saint-Laurent dans le style gothique flamboyant en pleine Renaissance, entre 1509 et 1522. Parmi ses sculptures nombreuses et variées, on observe la statue de saint Jacques le Majeur par Rault « tailleur d’images »datant de 1513 et trois animaux,  symboles des évangélistes : l’aigle, le bœuf, le lion,
Après avoir franchi le bras nord de la Seine au Pont aux Changeurs, les pèlerins suivent dans l’île de la Cité les rues de la vieille Draperie, de la Juiverie et du Marché.

En remontant la longue côte via la rue Saint-Jacques qui traverse le Quartier latin, on aboutit rue Soufflot le long de laquelle se dressait au n° 14 le couvent des Jacobins, fondé en 1219 par sept frères prêcheurs de l’ordre de Saint Dominique ; ce nom provenant d’une chapelle consacrée à saint Jacques existant à cet endroit. En face, c’est à partir de la Porte Saint Jacques, au niveau de l’enceinte de Philippe Auguste, que nous quittons le Paris médiéval.
Un indice nous rappelle le pèlerinage au cœur de la rue des Fossés Saint-Jacques, au 163 bis ; s’y trouve un restaurant à l’enseigne du Port Salut. Il s’agit en réalité du port, c'est-à-dire du col du salut franchi sur la montagne Sainte-Geneviève, en allant ou en revenant de Compostelle, avec toujours en arrière pensée le fait d’avoir assuré le salut de son âme et le soulagement d’être revenu sain et sauf.
?Toujours en direction du sud, la fin de l’itinéraire parisien s’achève à Saint-Jacques du Haut Pas, à travers un secteur aux multiples couvents le long du prolongement du Cardo appelé Via Superior. On en a compté jusqu’à douze dans le quadrilatère délimité par les boulevards Saint-Michel, de Port Royal et les rues Soufflot et d’Ulm, montrant davantage l’empreinte religieuse très prégnante de l’époque.


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