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La peste de Marseille occultée

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L'arrivée de la peste à Marseille est attribuée au navire Le Grand Saint Antoine qui, parti de Syrie, transportait une cargaison de toiles de lin et de ballots de soie. La peste était présente au Levant, et le bateau dû en plus effectuer les réparations d'un mat dans le port de Tripoli, utilisant des  matériels provenant d'un bateau anglais connu pour avoir subi des cas de peste. Plusieurs personnes décédèrent à bord avant l'arrivée à Marseille, mais le navire bénéficia d'une patente illicite et les quarantaines des hommes et des marchandises ne furent pas respectées. Le capitaine du Grand Saint Antoine était lui-même armateur et copropriétaire de la cargaison...tout comme l'était le premier des échevins de Marseille... Dès juin 1720, alors que l’on comptait 50 morts par jour, le parlement d’Aix défendit toute communication entre les habitants de la Provence et ceux de Marseille. Mais il était trop tard. L’impéritie des autorités, la diffusion de la maladie, l’impuissance totale des mesures prises (sanitaires et médicales) firent que la situation empira. Les plus riches allèrent s’installer dans leur résidence à la campagne, d’autres se rendirent chez des parents. Les plus pauvres restèrent sur place. Les chanoines de Saint-Victor se barricadèrent dans leur monastère et furent épargnés. Les militaires dans les garnisons en firent autant. On établit des barrières sur terre et une estacade (digue) en mer. Les forçats appelés à la rescousse pillèrent les logis abandonnés, achevèrent les moribonds ou s’évadèrent en s’habillant avec les vêtements des morts.  Le 2 août, une ceinture de flammes encercla la ville. Partout on dressa des bûchers. Il fallait arrêter la progression du mal. On constata une recrudescence de la peste, due en partie aux rats chassés par le feu. Marseille était totalement isolée et toute activité cessa à l’intérieur de la ville. Cette inactivité allait plonger dans la misère ceux qui n’avaient pas encore été touchés par la maladie. Marseille fut mise en quarantaine. La nourriture devint rare. Les quartiers déshérités et les plus anciens furent les plus touchés. Le fléau s’étendit rapidement dans la cité ; il y eut 40 000 décès sur les 90 000 habitants, puis en Provence 120 000 victimes sur une population de 400 000 habitants. L’hygiène posait des problèmes considérables du fait de la progression de l’épidémie de peste. Très vite il n’y eut plus de convoi funéraire et on jeta les cadavres dans les rues plutôt que de les laisser pourrir dans les maisons. Aussi fallut-il faire appel à des forçats, à des miséreux pour le ramassage des corps. Les plus fragiles tombèrent très vite. En août, alors qu’il mourait plus de 500 personnes par jour, on ne ramassa même plus les cadavres qui pourrissaient dans les rues en pleine chaleur. Dès le milieu du mois d’août la Rive neuve fut atteinte. La mortalité atteignit bientôt 1 000 par jour. Les « corbeaux », recrutés parmi les gueux et les miséreux, et les prêtres courageux qui administraient sans relâche l’extrême onction, moururent les uns après les autres.  La peste de Marseille dura encore presque un an, jusqu’au 28 mai 1721 où elle disparut. Elle réapparut fugitivement en 1722 faisant de rares victimes, ce qui entraîna la poursuite de la quarantaine et retarda la réouverture du port jusqu’en 1723. La peste s’était répandue peu à peu dans toute la Provence et elle épargna pourtant la ville de la Ciotat. En effet, grâce à la ténacité et à l’ingéniosité de ses 9 000 habitants, la ville se protégea. Sur terre, les portes de la cité étaient murées, des barrières étaient dressées. Aujourd'hui, le fait d’être mieux armé pour lutter contre la peste (vaccin et antibiotiques) ne nous donne pas le droit d’abandonner notre vigilance, d’autant qu’il y a plusieurs raisons de croire en la possibilité d’un retour, sous une forme ou une autre, et qu’il nous faudra alors réapprendre à la maîtriser.

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