Le monde connaît aujourd’hui la plus grande vague de destruction-créatrice schumpétérienne depuis le XIXe siècle. Le numérique, l’intelligence artificielle et la robotique dynamitent l’économie du XXe siècle, ses métiers et les façons de travailler. L’immense sujet pour nos sociétés développées n’est pas de gérer la raréfaction du travail, cette peur atavique qui revient à chaque fois que l’innovation bouscule nos sociétés. Notre défi est d’adapter notre capital humain, salariés, indépendants, chômeurs, à ce nouvel environnement pour faire de la France un pays une société du plein-travail.
À y regarder de plus près, il faut distinguer trois sujets. D’abord, de nombreux métiers vont disparaître et d’autres apparaître. Les véhicules autonomes ou la robotique chirurgicale ne font l’affaire ni des conducteurs de poids lourds, ni des chirurgiens. Ce n’est pas un drame dans la mesure où, historiquement, les métiers qui ont disparu étaient pénibles et ont été remplacés par des emplois qui l’étaient moins. Le problème est que notre système actuel de formation reste incapable d’identifier ces nouveaux métiers de la cybersécurité, de l’espace ou du deep learning. Certains tremblent devant la fin du travail alors que ce sont des pénuries massives de main d’œuvre qui nous menacent. Ensuite, la plupart des métiers vont, non pas disparaître, mais évoluer. Là aussi, la formation professionnelle doit être capable de « requalifier » les salariés concernés. Enfin, les façons de travailler elles-mêmes évoluent vers davantage d’autonomie. Le salariat ne disparaîtra pas, mais les contrats dans lesquels sont spécifiés précisément les horaires et les lieux de travail oui. Cette mutation aussi doit se préparer.
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