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La voie de l'éloquence

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CICÉRON, LE CONTRADICTEUR POLITIQUE C’est à la fois un théoricien puisqu’il repense la rhétorique d’Aristote et écrit des traités dont Les inventione. C’est aussi un acteur politique majeur de la république romaine et opposant à César puis Octave dans la longue guerre civile du premier siècle avant J.-C. Il reste un des personnages les plus célèbres de l’histoire romaine. Son itinéraire « professionnel » le rapproche plutôt du sophisme. Ne fut-il pas un grand avocat ? Il se fait connaître dans le difficile procès qui l’oppose à Caius Verrès qu’il gagne. Celui-ci s’enfuit avant le verdict. Son réquisitoire a parfaitement traversé le temps, bien recopié jusqu’au XXIe siècle. Le procès Catilina reste son fait de gloire. Il déjoue un complot des provinces contre Rome dont Catilina serait l’instigateur. Sa force de persuasion s’appuie sur une mise en scène qu’il maîtrise parfaitement, une connaissance de toutes les subtilités de sa langue, un travail des dossiers (c’est un travailleur infatigable) et l’art du réquisitoire. DENYS D’HALLICARNASSE, LE DISCOURS GREC CHEZ LES ROMAINS Ce professeur de rhétorique est Grec. Né à Hallicarnasse, l’actuelle Bodrum, en Turquie, il s’installe à Rome en 30 avant J.-C. Il a eu une réelle influence sur le discours oratoire à Rome, en privilégiant le retour à la langue grecque pure des IVe et Ve siècles d’origine attique définissant l’atticisme. Il s’attelle au retour de la langue d’origine afin de retrouver l’âme originelle des premiers orateurs. Il justifie son choix ainsi : « ce sujet, d’un intérêt général, unit à l’agrément une grande utilité. Il consiste à montrer quels sont les orateurs et les historiens les plus dignes d’estime ; quels furent leurs travaux, leur genre de vie et le caractère de leur talent : en un mot, quelles règles doivent suivre l’homme qui cultive l’éloquence… » Il publie un traité sur L’arrangement des mots. BERNARD DE CLAIRVAUX, LE CISTERCIEN C’est un intellectuel rigoureux, sectaire, mais un organisateur hors pair. Proche des comtes de Champagne, il est à l’origine des ordres militaires religieux. C’est lui, par son prêche de Vézelay en 1146, qui enflamme les foules et la noblesse et conduit à la deuxième croisade. Exaltation dans la forme, enthousiasme, les mots bien choisis retentissent dans l‘église de Vézelay dont l’acoustique exceptionnelle intensifie la ferveur. Son talent d’orateur influence à lui seul le courant de l’histoire. BOSSUET, LE PRÉLAT DES ORAISONS C’est un acteur du classicisme français qui tient une place déterminante dans la culture mondiale. Son environnement artistique, notamment littéraire, est exceptionnel. Entre Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, La Bruyère, Boileau dont la spécificité est la précision du langage, la notoriété est difficile. Tous sont imprégnés de l’atticisme. Respect des règles, travail, élégance, concision des mots sont les bases de ce courant littéraire à forte inspiration antique. En effet, la découverte du style antique rythme les œuvres classiques. Ainsi, Jacques-Bénigne Bossuet s’inscrit dans ce courant français. Son talent est avant tout celui d’un orateur, même s’il fut écrivain et philosophe. C’est donc un prêcheur exceptionnel, dont on a conservé quelques oraisons. Son style est fondé sur une capacité d’improvisation exceptionnelle, simplicité, sobriété, belle tonalité de voix. Pas de grandiloquence ; il se consacre, en rhétorique au temps épidictique : panégyrique et oraisons sont ses spécialités. Il aime dénoncer l’absurdité de la grandeur humaine du haut de sa chaire et son talent persuasif impose le silence aux puissants de l’époque. MIRABEAU, LE TRIBUN RÉVOLUTIONNAIRE Surnommé « l’orateur du peuple », il a une forte personnalité. Son gabarit imposant, son énergie vitale, du moins dans la première partie de sa vie, l’aide à le galvaniser dans les joutes oratoires où il impose ses convictions. Il reste célèbre, lorsque représentant du Tiers État, il invective les soldats du roi : « <s>«</s> Vous devez employer des ordres pour utiliser la force car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes » Les maladies chroniques dont il était atteint ont éteint cette force vitale qui l’habitait. Ce n’est qu’à sa mort que Robespierre s’imposa et conduisit inexorablement la France dans la Terreur (cf article Mirabeau, l’énigme, publié dans leRotarien d’août 2015).  On comprend mieux l’importance de la force d’une voix dans l’histoire.

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